Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/105

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un cadre niellé, un portrait des dernières années où elle a déjà un air souffrant et de lis qui s’incline… Hugues y mettait les lèvres et les baisait comme une patène ou comme des reliquaires.



Chaque matin aussi, il contemplait le coffret de cristal où la chevelure de la morte, toujours apparente, reposait. Mais à peine s’il en levait le couvercle. Il n’aurait pas osé la prendre ni tresser ses doigts avec elle. C’était sacré, cette chevelure ! c’était la chose même de la morte, qui avait échappé à la tombe pour dormir d’un meilleur sommeil dans ce cercueil de verre. Mais cela était mort quand même, puisque c’était d’un mort, et il fallait n’y jamais toucher. Il devait suffire de la regarder, de la savoir intacte, de s’assurer qu’elle était toujours présente, cette chevelure, d’où dépendait peut-être la vie de la maison.

Hugues restait ainsi de longues heures à ranimer ses souvenirs, tandis que