Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/173

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cheveux et des harpes en forme de leurs ailes.



Ainsi le martyre s’accompagne de musiques peintes. C’est qu’elle est douce infiniment, cette mort des Vierges, groupées comme un massif d’azalées dans la galère s’amarrant qui sera leur tombeau. Les soldats sont sur le rivage. Ils ont déjà commencé le massacre ; Ursule et ses compagnes ont débarqué. Le sang coule, mais si rose ! Les blessures sont des pétales… Le sang ne s’égoutte pas ; il s’effeuille des poitrines.

Les Vierges sont heureuses et toutes tranquilles, mirant leur courage dans les armures des soldats, qui luisent en miroirs. Et l’arc, d’où la mort vient, lui-même leur paraît doux comme le croissant de la lune !

Par ces fines subtilités, l’artiste avait exprimé que l’agonie, pour les Vierges pleines de foi, n’était qu’une transsubstantiation, une épreuve acceptée en faveur de la joie très prochaine. Voilà