Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/176

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Or le prêtre discourant sur la mort, la Bonne Mort qui n’était qu’un passage, et sur la réunion des âmes sauvées en Dieu, parla aussi du péché qui était le péril, le péché mortel, c’est-à-dire celui qui fait de la mort la vraie mort, sans délivrance ni recouvrance d’êtres chers.

Hugues écoutait, non sans un petit émoi, près d’un pilier. La grande église était ténébreuse, à peine éclairée de quelques lampes, de quelques cierges. Les fidèles se fusionnaient en une masse noire, presque incorporée par l’ombre. Il lui semblait qu’il était seul, que le prêtre se tournait vers lui, s’adressait à lui. Par un jeu du hasard ou de son imagination impressionnée, c’était comme son cas que la parole anonyme débattait. Oui ! il était en état de péché ! Il avait eu beau se leurrer sur son coupable amour et invoquer vis-à-vis de lui-même cette justification de la ressemblance. Il accomplissait l’œuvre de chair. Il faisait ce que l’Église a toujours réprouvé le plus sévè-