Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/222

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Ah ! ce n’est pas ainsi qu’on rêvait la vie de cet homme et qu’il la rêva lui-même, prêtre dont les jours se passèrent à ôter l’ivraie de quelques âmes, lui qu’on se représentait plutôt en gesticulateur aux horizons, joignant tous les clochers d’un diocèse ou d’un royaume par des guirlandes de commandements !

Mgr d’Hulst, lui, n’était pas venu à son heure. Ce fut un homme d’autrefois. Maurice Lesage d’Hauteroche d’Hulst — tel était son nom — allié aux Grimoard du Roure, aux d’Harcourt, au pape Urbain V, appartenait à l’ancienne France.

Quelle misère d’arriver trop tard dans la vie ! On est contemporain d’un temps disparu. Il y a ainsi des familles dont l’aboutissement retarde. On est alors comme un héritier qui veut acquitter une dette de sa race vis-à-vis d’un créancier qui est mort.

Souffrance d’avoir une âme qui n’est plus adéquate et de sentir en soi des facultés inemployées !

Or Mgr d’Hulst évoquait le souvenir d’un cardinal-ministre dans la France ou les Espagnes du passé : conduite des grandes affaires, ambassades délicates, gouvernement de provinces nou-