Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/239

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de la peinture décorative, qu’il ne faut pas confondre avec telles vastes toiles où ne sont que faits divers, anecdotes ; des tableaux de genre obtenu par agrandissement (comme en photographie). Le vrai peintre de peinture décorative voit et conçoit son œuvre tout achevée, comme les bâtisseurs de cathédrales contemplaient, en l’imaginant, la tour entière qu’ils allaient conduire dans l’air et dont le plan, sur le papier, n’était déjà que le résumé la réduction de cette tour immense, terminée en eux.

Ainsi pour la peinture décorative. C’est-à-dire que le procédé est inverse : les artistes médiocres agrandissent un tableau aux proportions d’une peinture murale ; les artistes qui sont des décorateurs de race réduisent aux proportions d’une esquisse la peinture monumentale déjà née en eux, et née avec, d’emblée, toute son amplitude.

C’est l’impression qu’on éprouvait à considérer, par exemple, la magistrale esquisse de M. Besnard pour sa décoration de la salle de chimie à la Sorbonne. Tout y était déjà ; et de vagues indications, de simples frottis çà et là, laissaient sous-entendre le détail, qui n’abdiquait ici que pour faire dominer, à cause de l’exiguïté du format, les lignes essentielles de la composition, sa synthèse de formes et d’idées, son symbolisme aussi clair que profond : au