Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/64

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et des Symbolistes allait introniser dans la poésie séculaire.

« Il ne faut toucher que par moments au grand orgue de l’alexandrin », reconnaissait-il à son tour.

Pourtant, pour sa propre œuvre jusque dans ses plus récents vers, il se garda d’aucune innovation, maintint intacte toute la tradition quant aux mètres, aux césures, aux rimes. Son vers est un vers classique, pour ainsi dire.

C’est que la forme, en vérité, est question toute personnelle, changeante et secondaire. Mais il comprit pour lui-même, et enseigna, que le propre du vers est d’enclore uniquement le Rêve. De là sa grande influence à un moment où la Poésie en venait à rimer des contes, les anecdotes de la vie, de l’histoire, de l’amour. Or la poésie est « la langue d’un état de crise », proclama Mallarmé ; elle ne doit pas vouloir servir à tout, être employée continuement.


Ces parfaits enseignements, une vie d’une noblesse, d’un désintéressement admirables, ont valu à Mallarmé — outre son œuvre — d’être salué par les écrivains nouveaux comme leur Maître et un chef d’École.

Influence glorieuse, encore qu’elle soit forcément passagère, car sans cesse les esprits dérivent, évoluent, se déprennent, changent,