Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

multipliaient sans cesse. L’architecture en était merveilleuse. C’était comme le résumé d’une cathédrale : le tronc montait en haut pilier ; le feuillage déployait sa voûte ; les rameaux se courbaient en ogives ; entre les branches, le ciel s’intercalait, comme un vitrail entre des meneaux de pierre ; cependant que toutes les feuilles remuaient ainsi que des lèvres, faisaient leur bruit de foule tassée et priante.

Témoin immuable, le vieux chêne vit passer tous les amants de l’île. Il avait un peu oublié, depuis des siècles ; un peu retenu, aussi. Combien voulurent marquer, là, leur passage, tout au long de son tronc immense, sur cette écorce fantasque comme une