Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/71

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Il reprit : « Heureusement que ce n’est point un indigène de notre île bien-aimée. Le scandale a été donné par un des étrangers, un de ces maudits étrangers qui décidément apporteront chez nous tous les vices. Prions Dieu, mes frères, qu’il nous en délivre au plus tôt. » Une colère contenue avait agité sa voix, qui fut contagieuse. Des cris de haine montèrent. On entendit un cliquetis de couteaux qui s’enhardissaient hors des gaines.

Joos, involontairement, mit la main au sien, le beau poignard à manche d’argent ciselé qui, selon l’habitude, pendait à sa ceinture. Il avait d’instinct, lui aussi, la détestation de ces intrus, au verbe haut, et qui traitaient l’île en pays