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RENDEZ-VOUS TRISTES


 
Oh ! l’insipidité des rendez-vous maussades
Qu’on se donne, en hiver, dans un faubourg lointain,
Aux fins d’après-midi, lorsque entre les façades
De rares coins de ciel sont couleur de l’étain.

La femme qu’on attend dans la boue et la pluie,
On sent bien que pour elle on a guère d’amour
Et qu’elle est tout au plus dans l’âme qui s’ennuie
La lampe qu’on allume après la mort du jour !

Le soir triste descend, tandis que les gouttières
Sanglotent et tandis que de grands corbillards,
Elégiaquement, vers les blancs cimetières,
Leurs lanternes en feu, s’en vont dans les brouillards.