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LA LOÏE FULLER.

Mais le jardin en fleur de sa robe est calmé ;
Sa robe est jardin exclusif d’azalées
Où, dans les plis qui sont de l’ombre en des allées,
Des papillons brodés mettent un temps de mai ;
Cependant qu’avec des envergures nouvelles,
Déployant ses tissus, soi-même se créant,
Elle aussi se transforme en papillon géant
Et n’est plus dans le soir qu’un rêve de deux ailes.

Un repos.
Un repos. Elle vient, les cheveux d’un vert roux
Influencés par ces nuances en démence
On dirait que le vent du large recommence ;
Car déjà parmi les étoffes en remous,
Son corps perd son sillage ; il fond en des volutes…
Propice obscurité, qu’est-ce donc que tu blutes
Pour faire de sa robe un océan de feu.
Toute phosphorescente avec des pierreries ?…
Brunehilde, c’est toi, reine des Walkyries,
Dont pour être l’élu chacun se rêve un dieu…
Mais comment, plongeur ivre en route vers la perle,
Traverser tant de flots de satin embrasé,
Et toute cette robe en flamme qui déferle ?

C’est fini.