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CHOSES DE L’ENFANCE

Au moment de partir, de quitter à jamais
Les peupliers connus du jardin que j’aimais.
Lui qui versa son ombre à mon adolescence,
J’ai senti que mes yeux souffriraient par l’absence !

Et j’ai tout revécu ; les courses d’autrefois
Le long des grands chemins où bourdonnaient nos voix
Dans la vague rumeur des moissons remuées.
Nos regard enfantins qui suivaient les nuées
Roses comme nos cœurs et changeantes comme eux !
Puis nos retours hâtifs pendant l’hiver brumeux
Par les lointains faubourgs où la mélancolie
Des orgues se fondait dans celle de la pluie !
Et nos calmes sommeils fleuris de rêves blancs
Parmi les dortoirs où les rideaux tremblants
Avaient une envergure et des frissons de voiles !