Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/61

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Aveu


Enfin elle a reçu l’aveu de ma tendresse !
Je ne le voulais pas, mais le charme vous presse
Et le secret d’amour qu’il faut tenir caché
Se débat dans le cœur comme un homme couché
Vivant — dans un cercueil enfoui sous la terre.
J’aurais voulu plutôt me contraindre et me taire
Pour qu’elle pût en paix poursuivre son chemin ;
Mais sans savoir comment, pourquoi, j’ai pris sa main…
Elle l’a laissé prendre avec un doux sourire,
Et, ses yeux attachés sur mes yeux, sans rien dire,
Nous marchions lentement sous le ciel étoilé.