Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/107

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— si pas repentante — des scènes récentes et des blessures d’âme qu’elle avait faites.

N’importe ! Elle rapportait le souvenir des soirs meilleurs, par les images qu’elle offrait sur sa robe ; elle évoquait le couple pâmé qu’ils avaient été et que le bronze copia…

Borluut sentit qu’il était encore en proie à elle. En vain il s’était cru au-dessus de la vie. En vain il se jugeait affranchi, libre enfin et seul. Barbe l’avait suivi, épié, et, en ce moment elle le tentait, le vainquait encore une fois. Barbe était dans la tour, habillée de la cloche. Borluut ne pouvait donc pas l’oublier, oublier la vie.

Et morne, inquiet, il redescendit les marches de l’escalier obscur, où l’écho de son pas donna l’illusion d’un autre pas, voisin et plus léger, comme si la cloche l’accompagnait, comme si Barbe était venue le reprendre et le ramenait maintenant dans la réalité triste.