Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/90

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se suggérer des cathédrales âgées, des processions abolies ; puis des reproductions de ces Primitifs flamands, méticuleux et visionnaires, qui étaient ses maîtres ; les rétables, les triptyques, de Van Eyck et de Memling, ne figurant que des Annonciations, des Adorations, des Vierges, des Enfants Jésus, des Anges aux ailes d’arc-en-ciel, des Saintes qui jouent de l’orgue ou du psaltérion. Et à cause de ces anciennes soies liturgiques, de ces images mystiques, s’augmentait autour de Bartholomeus cette impression de cellule et d’un art-religion.

— D’ailleurs, conclut Bartholomeus, j’ai toujours compris l’artiste ainsi, une sorte de prêtre, un prêtre de l’idéal, qui doit aussi faire vœu de pauvreté, de chasteté…

Il ajouta en souriant : « Ne suis-je pas resté célibataire ? »

— Tu as bien fait, déclara Borluut, qui était devenu tout à coup soucieux.

— Comment ! tu m’approuves, toi, et tu viens de te marier ?

— Oui et non.

— Tu n’es donc pas heureux ?

— On n’est jamais heureux comme on l’avait cru.

— C’est-à-dire que tu avais imaginé Barbe un ange et que c’est une femme. Toutes sont plus ou moins fantasques, emportées. Barbe surtout doit l’être. C’est une Espagnole, n’est-ce pas, le reste du vieux