Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/119

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VIII

Sous le ciel maladif et que l’orage soufre,
Mon âme se sentait devenue un jardin,
Mon âme se sentait un grand jardin qui souffre,
Un jardin qu’on croyait jusqu’alors anodin,
Mais où la belladone éclôt et la ciguë.
Dans ce jardin de mon âme monte un jet d’eau
Et la foudre qui vole est comme un rouge oiseau
Que le jet d’eau poursuit de ses flèches aiguës ;
Mais la foudre est trop haut ; le jet d’eau monte en vain ;
— Ah ! s’élancer d’en bas vers un but trop divin !… ―
Et le jet d’eau s’endort sur ses flèches vaincues.