Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/174

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La cloche ne sonne
Pour personne.

La cloche fut jeune jadis ;
Ses chants tombaient comme des lis
Sur les eaux souriantes ;
Dans l’air de la ville elle était
Une Première Communiante
Qui passait tout en blanc et chantait.

La cloche ne sonne
Pour personne.

Elle allait visiter les tours
Dans ce temps-là, l’une après l’une ;
Et se baigner au Lac d’Amour
Où les doux nénuphars émergent ;
Et dormir le soir dans la lune
Qui est un blanc dortoir de vierges.