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LES RÉVERBÈRES


Et il voit que, là-bas,
D’autres feux tremblent,
Étoiles qui jamais ne se rassemblent,
Seules comme lui
Dans un éternel célibat.


Ô étoiles, ses sœurs, qu’il nomme dans la nuit !
Un même mal les agite ;
Elles sont si tristes ;
Elles ont le même sort,
Le même tremblement de fanaux dans un port
À des vaisseaux qui jamais ne partent ;
Elles ont la même palpitation,
Les mêmes pulsations,
Comme si un seul cœur, elles et lui, les faisait battre.


Le réverbère songe : « Elles sont comme lui ;
Il est comme elles ;
Solitude ! Et n’avoir à vivre que la nuit ! »




Ah ! s’éteindre, s’éteindre en une Aube éternelle !