Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/104

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Un sable fin, pareil à celui d’une lande,
Recouvrait les carreaux de dessins arrondis ;
Le feu, pour le dîner, flambait tous les midis,
Et sur la cheminée, où luisait la vaisselle,
Les plats d’étain, frappés d’une rouge étincelle,
Ressemblaient à distance à des soleils couchants.

Mais ce qui ranimait la lumière et les chants
De ce foyer tout plein de gaîté journalière,
C’est l’oiseau qu’enfermait cette étroite volière,
C’est le petit garçon, frais comme un chérubin,
Qui donnait son sourire en paîment de son pain.
Il était déjà presque à sa neuvième année ;
Il fréquentait l’école, et chaque matinée,
De peur d’être en retard partant beaucoup trop tôt,
On le voyait passer en petit paletot,
Répétant sa leçon à mi-voix sur la place,
Et tenant sous son bras, tout fier d’aller en classe,
Ses cahiers maintenus dans deux planches de bois.

L’enfant étudiait comme un fils de bourgeois :
Il savait déjà lire, il savait même écrire,
Et son maître faisait un amical sourire
En voyant ses devoirs toujours bien expliqués.