Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




 


Ne nous accusez pas de deuils imaginaires,
Et de vous attendrir par des pleurs simulés,
Et d’aller parmi vous comme des poitrinaires
Cherchant des rêves fous qui se sont envolés.

Car nous ne pleurons pas sur nous, mais sur vous autres,
Sur les méchants, sur les flétris, sur les jaloux ;
A voir tant de péchés, nous pleurons en apôtres ;
Nous pleurons en bergers, à trouver tant de loups.

Le sonore instrument où tout notre cœur vibre
Veut élever la foule à des désirs meilleurs ;
Si l’accord n’est pas gai, notre choix n’est pas libre :
Nous sommes un écho, mais la voix vient d’ailleurs ! ..