Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/81

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Dans un château sombre, au bord d’un étang,
Par un des derniers beaux jours de l’automne,
Nous étions groupés en cercle, écoutant
Monter là rumeur du soir monotone.

Sur l’étang moiré plein de nénuphars,
Un jet d’eau vidait l’écrin de ses perles ;
Le soleil glissait ses rayons blafards
Dans les rameaux noirs où sifflaient les merles.

C’était l’heure exquise où l’on veut aimer :
Le brouillard flottait comme une batiste ;
Les étoiles d’or allaient s’allumer
Dans le vaste ciel couleur d’améthyste.