Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/83

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Nous fermions les yeux pour mieux écouter
Cette voix moelleuse et mélancolique,
Pareille à la voix qu’on entend flotter
Dans le chœur ombreux d’une basilique.

Quand soudain le chant d’un oiseau s’unit
Au vague refrain de la jeune femme :
On eût dit vraiment qu’il pleurait son nid
Et que sous son aile il avait une âme !…

Il était caché dans les arbres verts ;
Et pour endormir son amante ailée,
Il improvisait peut-être des vers
Qu’il lui modulait de sa voix perlée.

La femme et l’oiseau, chantant à la fois,
Firent un moment comme un duo tendre ;
Mais lasse de voir dominer sa voix,
La femme se tut, voulant mieux entendre.