Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/106

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Aux armes, citoyens ! hurle à pleins poumons la Liberté cuirassée d’airain qui fend les airs de ses ailes déployées. Elle lève son bras gauche haut dans l’espace pour rallier à elle tous les courages, et de l’autre main, elle tend son glaive vers l’ennemi.

C’est elle, sans aucun doute, qu’on aperçoit d’abord, car elle domine toute l’œuvre, et ses jambes qui s’écartent comme pour courir, couvrent d’un formidable accent circonflexe ce sublime poème de la guerre.

Il semble même qu’on l’entende : car vraiment sa bouche de pierre vocifère à vous briser le tympan.

Or, à peine a-t-elle jeté son appel qu’on voit les guerriers se précipiter.

C’est la seconde phase de l’action. Un Gaulois à la crinière de lion agite son casque comme pour saluer la déesse. Et voici que son jeune fils demande à l’accompagner : — Je suis assez fort, je suis un homme ; je veux partir ! semble dire l’enfant en serrant la poignée d’une épée. — Viens ! dit le père qui le regarde avec une tendresse orgueilleuse.

Troisième phase de l’action. Un vétéran courbé sous le poids de son équipement fait effort pour