Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/139

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Il n’existe peut-être aucune œuvre d’art qui tienne son charme du seul balancement des lignes ou des tons et qui s’adresse uniquement aux yeux. Si, par exemple, les vitraux du douzième et du treizième siècle ravissent les regards par le velours de leurs bleus profonds, par la caresse de leurs violets si doux et de leurs carmins si chauds, c’est que ces tons traduisent la félicité mystique dont les pieux artistes de ces époques espéraient jouir dans le ciel de leurs rêves. Si certaines poteries persanes semées d’œillets de couleur turquoise sont des merveilles adorables, c’est que, par un étrange effet, leurs nuances transportent l’âme dans je ne sais quelle vallée de songe et de féerie. Ainsi tout dessin et tout ensemble de couleurs offrent une signification sans laquelle ils n’auraient aucune beauté.


Mais ne craignez-vous pas que le dédain du métier en art


— Qui vous parle de le dédaigner ? Sans doute le métier n’est qu’un moyen. Mais l’artiste qui le néglige n’atteindra jamais son but, qui est l’interprétation du sentiment, de l’idée. Il en sera de