Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/160

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Paris avec leur souverain. Les gestes menus de leurs membres graciles étaient d’une séduction étrange et merveilleuse.

J’ai fait des études d’après l’actrice japonaise Hanako. Elle n’a point du tout de graisse. Ses muscles sont découpés et saillants comme ceux des petits chiens qu’on nomme fox-terriers : ses tendons sont si forts, que les articulations auxquelles ils s’attachent ont une grosseur égale à celle des membres eux-mêmes. Elle est tellement robuste qu’elle peut rester aussi longtemps qu’elle le veut sur une seule jambe en levant l’autre devant elle à angle droit. Elle paraît ainsi enracinée dans le sol comme un arbre. Elle a donc une anatomie tout autre que celle des Européennes, mais cependant fort belle aussi dans sa puissance singulière.


Un instant après, reprenant une idée qui lui est chère, il me dit :


— En somme, la Beauté est partout. Ce n’est point elle qui manque à nos yeux, mais nos yeux qui manquent à l’apercevoir.

La Beauté, c’est le caractère et l’expression.