Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/264

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et se fit apporter de la glaise. On était encore en hiver et le grand atelier n’était pas chauffé. Je confiai à un praticien ma crainte que mon hôte ne prît froid : — Oh ! jamais quand il travaille, me répondit-il en souriant.

Le fait est que la fièvre avec laquelle le maître se mit aussitôt à pétrir l’argile m’enleva toute inquiétude.

Il m’avait invité à m’asseoir à côté de lui et, roulant sur la table des boudins de terre, il s’en servit pour façonner rapidement une maquette. Il parlait en même temps.


— Cette première figure, me dit-il, va être établie selon la conception de Phidias.

Quand je prononce ce nom, je pense en réalité à toute la sculpture grecque, dont le génie de Phidias fut la plus haute expression.


Le personnage d’argile prenait tournure. Les mains de Rodin allaient, venaient, superposant les morceaux de terre, les massant dans leurs larges paumes sans qu’aucun de leurs mouvements fût perdu ; puis le pouce, les doigts se mettaient de la partie, tournant une cuisse d’une seule pression, cambrant une