Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/280

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maître qui les avait précédés. Ils n’apportaient que peu de modifications à la donnée générale et ne montraient leur personnalité que dans la science de l’exécution.

Au surplus, c’était, semble-t-il, la dévotion qui, en s’attachant à une image sculpturale, interdisait ensuite aux artistes de s’en écarter. La religion fixe une fois pour toutes les types divins qu’elle adopte.

Nous nous étonnons de retrouver tant de Vénus pudiques, tant de Vénus accroupies : nous oublions que ces statues étaient sacrées. L’on retrouvera de même dans mille ou deux mille ans une foule de Vierges de Lourdes, très semblables les unes aux autres, avec une robe blanche, un rosaire et une ceinture bleue.


— Qu’elle était douce, m’écriai-je, cette religion grecque, qui offrait des formes si voluptueuses à l’adoration de ses fidèles !


— Elle était belle, reprit Anatole France, puisqu’elle nous a légué de si séduisantes Vénus ; mais douce, ne croyez pas qu’elle le fût. Elle était intolérante et tyrannique comme toute ferveur pieuse.

Au nom des Aphrodites à la chair frémissante,