Page:Roger-Milès - Catalogue de tableaux modernes de premier ordre, 1897.djvu/76

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RAFFAELLI (JEAN-FRANÇOIS) g3 — Le Balayeur. C'est un de ces coins de la mélancolie suburbaine, chers au maître ; des arbres maigres et rabougris ; une haie indi- gente ; une terre où l'herbe est avare, parmi les tessons de bou- teilles et les scories de toute sorte. Debout, le vieux balayeur s'est arrêté, le balai dans les bras. Il va allumer sa pipe, -pipe est un euphémisme, — qu'il tient de la main gauche. Son pantalon, de teinte indéfinie, met la frange de son ourlet vaincu sur l'ampleur malade des souliers aux sourires humides. Le torse est engoncé de plusieurs vête- ments, sans être cependant chaudement vêtu : blouse bleue, tricot de laine jadis blanche, et veston de velours marron ; la barbe, poivre et sel, s'arrondit, drue, sous le bonnet en poil de lapin. L'homme est vu de face. Au fond, à gauche, un âne, aux appétits philosophiques, aux côtes apparentes, est attaché à un piquet perdu parmi les herbes ; le ciel est bleu, au-dessus de cette nature grise, et parfois il s'y accroche un pan d'azur. Signé en bas, à droite : 1880. Panneau. Haut., 21 cent. 1/2 ; larg., 8 cent. 1/2.