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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

serait besoin. La créole avait rallumé sa lampe et s’était jetée à genoux devant le crucifix de sa chambre, dans un trouble que rien ne peut rendre. Mme de Langey était encore magnifique de beauté… Qui l’eût vue en ce moment à genoux, pâle et résignée, levant vers le ciel ses yeux baignés de pleurs et cependant remplis de souveraine volonté, eût pensé à l’une de ces martyres admirables du Proccacio… Mme de Langey venait de se souvenir qu’elle était une fille noble ; c’était en fille noble qu’elle devait mourir… En parcourant les sinueux détours de cette caverne, elle était arrivée un jour jusqu’à la porte du laboratoire de l’Espagnol, qu’elle avait trouvée fermée… Appliquant son œil à cette serrure, elle ne tarda pas à reconnaître, cette fois, dans la chambre divers alambics, des récipiens, des fourneaux… Plusieurs flacons étaient épars sur la table ; l’un d’eux, un très-petit, frappa son attention par sa forme et par le soin avec lequel il se trouvait seul enchâssé dans un fourreau de galuchat noir… À force de tâtonnemens, elle parvint à l’extrémité du corridor qui menait au laboratoire. Par un singulier bonheur, elle crut entrevoir qu’on avait oublié d’en fermer la porte… Toute flamme y sommeillait, on y sentait seulement une forte odeur de charbon…

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Cette nuit-là même et pendant que l’Espagnol, aidé de Josépha, veillait dans la cour aux préparatifs de son voyage, il aperçut, au bout de la ruelle qui longeait les murs de son jardin, sept hommes en manteaux bleus, brodés d’un galon d’or, qui semblaient