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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

d’un enfant de Mars. Il se mit dans un coin et demanda un verre de rhum…

Il n’y cut guère que le professeur de grammaire M. Blondin qui donna quelque attention au nouveau venu, parce qu’il lui arracha, sans sommation préalable, le journal qu’il commençait à épeler.

Après vous, lui avait dit ironiquement le jeune homme en prenant la feuille.

M. Blondin, en sa qualité de professeur de grammaire, crut prudent de ne pas se risquer ; il se contenta de demander à Mlle Isaure une autre gazette.

L’enfant de Mars prit un cure-dents, tira un lorgnon de sa poche et le braqua sur la dédaigneuse Mlle Isaure… Il y eut dans ce mouvement à brûle-pourpoint une impudence de garnison des plus prononcées ; mais l’enseigne de chevau-légers se piquait peu sans doute de réserve avec le beau sexe. Ses moindres manières annonçaient un jeune homme enchanté de faire son apprentissage de César auprès des femmes ; il avait le parler rude, le front matamore et une coiffure à l’oiseau royal sous laquelle il se balançait mince et droit comme une asperge…

Ce jeune homme, ce César, c’était le neveu de Mme Bertholet.

Le neveu de Mme Bertholet avait grandi ; il revenait gonflé de la fumée qui fait les héros, quoique en ce temps-là on fût réellement en pleine paix : il servait dans le régiment de M. le marquis de Langey, à cette heure en Dauphiné.

En congé à Paris pour quelques affaires relatives