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WAPPING.

duc d’Orléans en Angleterre. Après son exil tardif à Villers-Cotterets, la cour devait-elle ignorer les connivences du cabinet de Saint-James dans tous les marchés et les accaparemens de grains par Pinet, la créature de ce prince ? Et puisque le palais du premier prince du sang était devenu à Paris un assemblage de tavernes et de maisons de débauche, fallait-il qu’il n’en sortît que pour retrouver à Londres les clubs politiques, les foyers de tumulte, les comptoirs d’emprunts et l’agiotage[1] ?

Par une inconcevable fatalité, c’était à ce même prince que Saint-Georges devait sa fortune. Modèle accompli de toutes les grâces, il n’avait pas manqué de faire une grande impression sur son esprit ; il faut ajouter que sa retenue avait plus d’une fois piqué le duc. Lorsque le baron de Breteuil lui obéissait, que MM. de Durfort et de Genlis se vouaient à ses caprices, il lui semblait étrange qu’un homme qui lui devait tout fit souvent la satire de ses mœurs par son silence. La conversation de Saint-Georges ressemblait à son visage, elle n’avait rien de trivial ni de plat : dans toute sa conduite habituelle, sa manière prompte de décider les bonnes ou méchantes actions prouvait assez sa franchise. Le charme de ses mœurs devait le rendre étranger à toute intrigue politique. Préoccupé de la seule manière de disposer un nœud

  1. Nous avons sous les yeux un projet présenté au roi pour punir et dégrader le duc d’Orléans, par M. Berg…, député de l’assemblée nationale. Ce projet, qui fait suite aux Prophéties françaises, est un monument que nous ne saurions trop engager nos lecteurs à consulter. Il porte la date de 89.