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L’IDOLE ABATTUE.

femme qui ne se doute pas des manœuvres d’un lâche, et ce lâche, oh ! ma mère ! ce n’est pas le malheureux, l’homme obscur qui me calomnie ; c’est un prince du sang dont je sais tous les secrets, un tigre altéré de sang que j’ai fui ; cet homme est le cousin de cette femme, c’est le duc d’Orléans ; et cette femme, c’est la reine !

Parlant à cette ombre chère d’une voix lente et triste, il s’agenouilla. Il semblait qu’à ce souvenir de la reine il eût retrempé sa vie… Sa poitrine et sa tête étaient en feu, il regardait un portrait de cette noble femme avec laquelle il avait chanté, et dont la douce voix, soutenue au clavecin par Sacchini, avait charmé son oreille comme une prière.