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LES BATONNISTES.

se retrouva bientôt en habits de fête devant sa glace, si pâle, si abattue, qu’elle eut presque peur de s’y regarder…

Cependant Saint-Georges, ramenant sur lui les plis d’un ample manteau, tournait le coin de la rue Saint-Honoré. La pluie et le vent contrariaient sa marche. Malgré le peu de distance qui le séparait de son hôtel, il songeait à doubler le pas quand il se vit assailli par six hommes armés de bâtons qui sortaient d’un cabaret borgne de la rue Pierre-l’Escot. Le peu de lueur que jetaient les réverbères, autant que la promptitude de cette attaque imprévue, ne lui permit pas de distinguer d’abord les traits de ces inconnus ; mais à la manière dont ils jouèrent du bâton, le chevalier ne put douter un instant que ce ne fussent des maîtres bâtonnistes… Qui pouvait avoir payé ces hommes pour cette attaque nocturne ? c’est ce dont Saint-Georges n’eut guère le temps de s’embarrasser, car il les vit bientôt se précipiter sur lui avec une telle vitesse est des croisés si impétueux qu’un autre que lui s’en fut trouvé étourdi. Heureusement le chevalier connaissait cette arme ; il parvint à saisir celle de l’un des agresseurs. Se défendant alors de son mieux, il gagna du pied jusqu’au corps de garde où se tenait le guet dans la rue Saint-Honoré. Les bâtonnistes avaient choisi le moment d’une patrouille : il ne restait qu’un factionnaire dans la guérite. Aux cris du chevalier, cet homme fit feu ; mais, soit que le coup fût mal dirigé, soit qu’il n’eût atteint que légèrement un des malfaiteurs, quatre d’entre eux n’en poursuivirent pas moins Saint-Georges avec