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LE CHIFFRE DE LA REINE.

Dieu, pour épancher son âme quelques instans devant la reine.

Assis avec Platon dans une misérable chambre d’auberge, devant un feu dont la seule lueur l’éclairait, il tenait alors sa tête tristement dans ses deux mains.

Tout d’un coup l’on frappa légèrement à la porte ; un homme entra. C’était M. de Crussol, capitaine des gardes du comte d’Artois… À sa vue, Saint-Georges se leva ; un éclair de bonheur avait traversé sa prunelle…

— Veuillez me suivre, monsieur, dit avec précaution le capitaine des gardes à Saint-Georges ; je vous expliquerai chemin faisant le sujet de ma visite.

Joseph Platon pensa un moment qu’on lui enlevait son maître. Il se hâta de fondre sous son souffle les miroiteries de la glace aux carreaux de la fenêtre, et se rassura en voyant le chevalier monter dans une des voitures du château, dans la compagnie de M. de Crussol.

Le trajet fut court, les chevaux allaient avec la vitesse du vent. La neige tombait à flots ; la nuit était venue. La voiture s’arrêta devant l’une des petites portes de Trianon,

— Le roi est parti, Bazin ? dit M. de Crussol à l’intendant de Marie-Antoinette.

— Parti répondit Bazin en considérant Saint-Georges avec défiance.

M. de Crussol congédia Bazin, traversa la galerie, et tournant le bouton en cristal d’une autre porte