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LA SAINT-LOUIS.

— Une négresse ! s’écria Me de Langey, pouah ! quelle horreur !

M. de Boullogne promenait en cet instant un œil hébété autour de lui.

— Une négresse ? reprit le contrôleur général d’une voix éteinte, une négresse ? avez-vous dit. Laissez-la !…… lais…sez-…la !…

Il retomba pesamment sur les coussins, pendant que Noëmi, se confiant sans doute au pouvoir de sa science, lui appuyait la main sur le front.

La langue de Saint-Georges s’était collée à son palais en voyant sa mère dérouler le marchepied…

Profitant de l’ivresse que l’introduction de Noëmi dans cette splendide voiture venait de répandre parmi le peuple, Mme de Langey jeta par la fenêtre quelques monnaies aux plus proches.

― Vive M. le contrôleur général ! s’écria la foule.

Le cocher toucha : le chemin était devenu libre. L’étonnement de Mme de Langey était aussi profond que celui de la multitude. Peu à peu les attentions empressées de Noëmi avaient apaisé le mal de M. de Boullogne ; il contemplait cette libératrice singulière avec un prodigieux intérêt. La présence de Noëmi dans cette voiture semblait un outrage véritable fait à la créole ; elle affectait de respirer devant elle son flacon d’essences. Noëmi la toisait à son tour avec un inexprimable orgueil.

Arrivé devant la porte de son hôtel, voisin de celui de Breteuil, M. de Boullogne descendit le premier, appuyé sur le bras de Noëmi ; il avait refusé celui de