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REVANCHE.

heur, madame, vous aurez fait là une démarche inutile…… Cet homme a juré de verser le sang de Maurice, cet homme se souvient aussi bien que vous, sachez-le.

— Encore une fois, s’il vous faut une vengeance, monsieur, accomplissez-la plutôt sur moi, qui suis la coupable… Inventez contre moi telle insulte, telle calomnie que vous voudrez, je vous jure de les supporter sans me plaindre.

— Vous consentiriez vous-même à votre propre infamie, marquise de Langey ; vous me permettriez de tourner contre vous l’arme de la vengeance et de la haine ? Eh bien ! soit, il me faut une réparation ; je choisirai celle-là. Oh ! je n’aurai pas besoin d’avoir recours à la calomnie et au mensonge. J’ouvrirai ce secrétaire que voici…

— Ce secrétaire ?

— Oui, il renferme des lettres.

— Quelles lettres ?… que voulez-vous dire ?

— Ce sont des lettres écrites à un Espagnol nommé Tio-Blas, des lettres où il est question de M. de Langey, votre mari ; une seule de ces lettres peut vous perdre, je le sais, et Tio-Blas le sait aussi…

— Et comment ces lettres sont-elles tombées en vos mains, monsieur ? Cet homme est-il mort ? l’auriez-vous tué pour vous saisir de ces lettres ?

— J’ai ramassé le portefeuille de cet homme quand il attaqua votre berline à Saint-Domingue ; depuis ce temps elles dorment là dans ce secrétaire… vous les reconnaîtrez… il y a du sang…

— Rendez-moi ces lettres, reprit-elle avec hauteur,