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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

vous, mon père, que je vais donc devoir mon bonheur !… à vous, que je voudrais voir toujours heureux !…

— Le bonheur, dit lentement le vieillard, est une récompense, Maurice… À ceux qui ont une fois démérité de la Providence, le ciel est impitoyable et demeure fermé. Viens, que je t’embrasse encore une fois, mon enfant !

La seule conscience des torts de Mme de Langey et la nécessité de son abandon rendirent cette dernière étreinte du vieillard encore plus vive. M. de Boullogne se disposait à sortir quand la porte donna passage à MM. de Vannes et La Morlière, les deux témoins du marquis.

— Monsieur le contrôleur général nous a précédés, dit La Morlière ; il vous a sans doute appris, monsieur le marquis, l’étrange dénoûment de ce duel ?

Étrange est le mot, murmura M. de Vannes.

Ils lui rapportèrent alors les propres paroles de Saint-Georges… L’étonnement profond dans lequel la réponse du chevalier jeta le marquis se vit à peine dissipé par les protestations généreuses de M. de Boullogne, à qui l’injustice eût paru un crime en cet instant…

— Il est certain, reprit La Morlière, que M. de Saint-Georges a fait preuve en tout ceci d’une exquise générosité…

Générosité est le mot, murmura encore M. de Vannes.

— Il me reste, messieurs, à vous remercier tous deux, reprit Maurice, de la manière empressée avec