Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
AGATHE.

reux comme vous le méritez ; c’est le vœu d’une femme qui se repentirait toute sa vie d’avoir pu un seul instant compromettre la félicité de la vôtre.

» Votre amie :
» Agathe de La Haye. »

Cette lettre avait plongé quelque temps le jeune homme dans une morne immobilité. Il se leva bientôt comme un furieux, parcourut l’appartement et appela vainement la gouvernante qu’il avait choisie lui-même pour Agathe ; elle avait fui. En se penchant à la fenêtre, il put voir l’église de l’Oratoire illuminée çà et là de quelques maigres clartés qui se faisaient jour à travers sa longue vitrine. La chaise de poste qui devait l’emmener avec Agathe était remisée sous les murs élevés servant de rempart à l’église. Maurice de Langey se jeta alors dans les bras de M. de Boullogne, qui le regardait avec angoisse…

— Je ne les rendrai pas témoins de ma honte et de ma rage, reprit-il… je partirai seul, mon père… seul pour mon régiment, vous l’entendez ? Je vous charge de consoler ma mère !

Et malgré les cris déchirans du vieillard, il s’élança de la chambre et se précipita dans la chaise, qui l’emporta.