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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

arrive dans le mois le plus désastreux, un mois de malheur, un mois de pertes ? M. de Lassis ne m’aime pas, je le sais, il a ses créatures, Printemps.

— Calmez-vous ; M. Gachard a beaucoup d’empire sur lui, et vous allez faire dans quelques secondes une chose agréable à M. Gachard. Il est bientôt la demie, continua le maître d’hôtel à voix basse en tirant sa montre…

— Je vous comprends, il faut me montrer au peuple, on n’arrive au crédit que comme cela… Veuillez prévenir de ma part le nègre commandeur qu’il se rende à son office. Il est en bas sous la cloche de la cotonnerie…

— C’est cela, et malgré la fièvre, faites bonne contenance, monsieur Platon, dussiez-vous mettre du rouge… Les coupables vont se voir amenés dans cinq minutes, et M. Gachard sera prévenu.

— Quel état que celui de gérant de la Rose, continua Platon en s’enveloppant d’une robe de chambre à fleurs et en chaussant ses pieds de superbes pantoufles rouges, quel état ! je regrette le port de Bercy ! Et toi, que fais-tu là, messager de malheur ? dit-il à Saint-Georges, qui montrait à Finette un cadre de papillons.

— Je montrais à Finette ces beaux scarabées que nous avons pris ensemble ; vous savez, monsieur Platon, répondit le mulâtre avec un accent ému, quand au lieu de me punir comme les autres vous me faisiez chasser pour votre table du matin au soir…

— J’espère que te voilà satisfait à cette heure, Saint-Georges, reprit Platon d’un air de brusquerie