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DE DEUX MAUX, LE MOINDRE

l’Allemagne elle-même prétend que ce sont ces idées qu’elle défend contre la Russie.

« Il serait intéressant d’apprendre qu’est-ce que ces écrivains et ces professeurs allemands, qui parlent d’une guerre sainte contre la Russie sauvage, entendent par là, dans la pratique. — Voudraient-ils venir en aide aux partis révolutionnaires pour détrôner le tsar ? Mais tous ces partis refuseraient hautement d’accepter un secours de la Prusse militaire. — Voudraient-ils libérer les nations voisines opprimées par les Russes, les Polonais par exemple, en les incorporant à l’empire allemand ? Mais tout le monde sait que les Polonais, sujets allemands, ont subi de la part du gouvernement allemand un traitement beaucoup plus ignoble que celui dont se plaignent, avec raison, les Polonais russes.

« Restent les provinces baltiques de la Russie, où les Allemands ont depuis des siècles leurs pionniers parmi les grands propriétaires et les commerçants des grandes villes. Ceux-ci, étant de nationalité allemande, quoique sujets russes, accepteront sans doute les armées allemandes à bras ouverts. Mais ils ne forment qu’une caste de nobles et de gros bourgeois, qui ne compte que quelques milliers d’hommes, tandis que tout le reste de la population, les nations lettone (ou lette) et esthe, considéreraient l’incorporation de ces provinces à l’Allemagne comme la pire calamité. Nous savons