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DE DEUX MAUX, LE MOINDRE

indice ? Aura-t-elle une suite réelle après la guerre ? Et les autres nations opprimées de la Russie, — les Finlandais, les Lettons, les Lithuaniens, les Esthes, les Arméniens, les Juifs, etc. — pensera-t-on aussi à leur rendre justice ?

« Ces questions sont probablement dénuées de tout sens politique. Mais sans se rendre compte comment la France et l’Angleterre pourraient être pour nous des libératrices, tous nos espoirs montent vers elles ; nous voulons croire que, d’une manière ou de l’autre, elles veilleront, à l’avenir, à ce que leur alliée, la Russie, se montre digne d’elles et des idées pour lesquelles elles combattent, afin que le sang de ceux qui meurent pour la liberté ne nourrisse pas la force des oppresseurs.

« Voilà, Monsieur, que sans que vous me l’ayez demandé, je vous ai largement exposé les peines, les espoirs et les craintes d’une nation qui s’est développée sur un étroit passage entre deux abîmes, le pangermanisme et le panslavisme. En souhaitant ardemment l’anéantissement du premier, nous avons tout à craindre de l’autre, quoique nous n’aspirions pas à une autonomie politique ; nous ne désirons que la possibilité d’un libre développement de nos forces intellectuelles, artistiques et économiques, sans l’éternelle menace de la russification ou de la germanisation. Par notre culture acquise en dépit de tous les obstacles, nous