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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

présent à un millier par jour ; et leur nombre ne cesse d’augmenter, avec l’arrivée de listes plus complètes, reçues des gouvernements.

Elle n’est pas seulement bienfaisante, en renouant les liens brisés par la bataille entre le soldat prisonnier et les siens. Par son œuvre de paix, par sa connaissance impartiale des faits dans les pays en lutte, elle peut contribuer à détendre un peu la haine, exaspérée par des récits hallucinés, et à montrer chez l’ennemi le plus acharné ce qui reste d’humain. Elle peut signaler aussi à l’attention des gouvernements, ou tout au moins à l’opinion, des cas sur lesquels une entente rapide s’imposerait, dans l’intérêt des deux parties, — ainsi, à propos d’un échange des blessés grièvement, qui sont dans l’impossibilité constatée de prendre part de nouveau à la guerre, et qu’il est, par suite, inutilement inhumain de laisser languir loin des leurs. Elle peut enfin diriger efficacement la bienfaisance publique, qui est souvent incertaine, en désignant, par exemple, aux pays neutres, si généreusement avides de venir en aide aux souffrances des combattants, ceux qui ont le plus urgent besoin de leurs secours : ces prisonniers blessés, convalescents, qui, sortant de l’hôpital, manquent de linge, de chaussures, et à l’entretien desquels le gouvernement ennemi ne peut être tenu[1].

  1. Sur ce point, je reprends le vœu exprimé dans l’article, cité plus haut, de la Neue Zürcher Zeitung.