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VIII

LETTRE À CEUX QUI M’ACCUSENT[1]


17 novembre 1914.

À Genève, où je travaille à l’Œuvre internationale des Prisonniers de Guerre, m’est parvenu tardivement l’écho des attaques suscitées contre moi dans certains journaux par les articles que j’ai publiés, au Journal de Genève, ou plutôt par deux ou trois passages artificieusement choisis dans ces articles (car ceux-ci ne sont connus de presque personne, en France). Ma meilleure réponse sera de les réunir en brochure et de les publier, à Paris. Je n’y ajouterais pas un mot d’explication, car il n’est pas une ligne que je n’estime avoir eu le droit et le devoir d’écrire. Et je pense que, d’ailleurs, il y a mieux à faire, en ce moment, qu’à se défendre soi-même ; il y a à défendre les autres, les milliers de victimes que fait chez nous la guerre ; le temps que l’on consacre à répondre à un adversaire est comme un vol que l’on fait à ces malheureux, à ces prisonniers, à ces familles, dont nous tâchons à Genève, de rapprocher les mains qui se cherchent à travers l’espace.

  1. Le Directeur d’un grand journal parisien m’ayant offert de publier une réponse aux attaques, je lui ai envoyé cette lettre, qui ne parut jamais.