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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/62

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BEETHOVEN

sur l’assistance[1], le Beethoven qui danse (comment ?), le Beethoven qui monte à cheval (malheureux cheval !)[2], le Beethoven, dont la belle humeur, le rire à plein gosier[3], la joie de vivre, la grâce et l’élégance cachées (bien cachées, et pourtant, elles sont là, écoutez !) s’exprime en ces ravissantes musiques : le Rilterballet de Bonn (1791), la Sérénade de 1796, les exquises Variations : Vieni amore (1791), sur une danse russe (1795-7), sur un sir de la Molinara (1795), les bondissantes danses allemandes (1795-97), valses et Laendler enivrés de leur jeunesse heureuse 4… Qu’on ne se le figure point comme un homme insociable ! Cette société à laquelle il se heurtait, il ne pouvait s’en passer. Que l’on mesure par là ce que la privation, plus tard, a dû lui en coûter !

Pour le moment, il en jouit. Il en est le favori. Mais il sait, l’enfant pauvre et plébéien, combien cette faveur, cet attachement sont précaires, comme ils sont mêlés d’ironie, ou bien ou mal veillante — (le petit rustre soupçonneux le croit, et il n’a pas tort !) — que ces nobles admirateurs

1. Portrait de Steinhauser, 1801.

2. Le comte Browns lui fit présent d’un cheval. Beethoven le monta quelquefois ; et puis, il l’oublia. Un domestique le larrona (Ries).

3. « Il était alors ouvert et tolérant dans les discussions. Ce qui ne lui plaisait pas, il en riait de bon cœur… Il riait le plus souvent de secrctcs pensées, dont il ne rendait aucun compte aux autres. Son entourage rarement discernait la cause de ces explosions qui lui étaient familières *. (Seyfried)

4. Voir la Note li, à la fin du volume : sur le Livre d’Esquisses de Beethoven, en 1800,

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