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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/82

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BEETHOVEN

Il est donc à Heiligenstadt, depuis le commencement de Tété (1802), dans une grande maison de paysan, hors du bourg, sur un endroit élevé, d’où l’on découvre au loin le Danube et la plaine, et la ligne bleue des Carpathes à l’horizon...

« Laudeturque domus, longos quao prospicit agros ! » Il est enveloppé du silence des champs. Car le Dr Schmidt lui a recommandé d’épargner son ouïe ; et il cache aux hommes son infirmité. 11 est seul avec scs démons, l’amour blessé, l’espoir et la douleur, — tout le concert des voix intérieures. Et tant que durent Tété et l’espérance, l’arbre a fleuri la jeunesse et la joie. II vient de terminer la Deuxième Symphonie[1].

1. Et non, comme le glisse Thayer, à l’appui de sa thèse, dans la saison du Testament.

Voici la chronologie approximative des principales œuvres qui précèdent la grande crise d’octobre 1802 :

Beethoven a achevé en 1801 les Sonates pour violon op. 23 et 24, les Sonates pour piano, op. 26 (marche funèbre), op. 27, nos 1 et 2 (les deux sonates, quasi una fantasia, dont la seconde : le Clair de lune, paraît en mars 1802), op. 28 (Pastorale), le Quintette, op. 29.

L’hiver 1801-1802 voit naître les trois Sonates pour piano et violon, à l’empereur Alexandre, — ainsi que, pour la plus grande partie, les trois Sonates pour piano, op. 31, les six Variations en fa sur un thème original op. 34, le Rondo en sol majeur, op. 51, no 2 (primitivement destiné à Giuîietta, et bien mieux fait à son imago que le Clair de Lune), les sept Bagatelles, op. 33, l’oratorio : Christ aux Oliviers, Enfin, la Deuxième Symphonie, qui a demandé un plus long travail, est achevée pendant l’été 1802.

Miraculeuse fécondité ! Comment un tel printemps aurait-il pu être étouffé ?

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