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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/83

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GŒTHE ET BEETHOVEN

que son intelligence, d’un regard a tout saisi : tout l’essentiel du génie de Beethoven, de son unique personnalité.

La preuve que Gœthe est pris, c’est que, le lendemain, 20 juillet, ils font promenade ensemble. Le surlendemain, 21, Gœthe retourne, le soir, chez Beethoven. Il y est encore, le jeudi 23 ; et Beethoven lui joue, au piano...

Mais quatre jours après, le 27, Beethoven quitte Teplitz, envoyé par son médecin à Karlsbad ; Gœthe ne l’y retrouve plus que du 8 au 11 septembre. S’y revoient-ils ? On l’ignore. Le 12, Beethoven repart de Karlsbad pour Teplitz, où Gœthe ne revient pas. Et c’est fini. De toute leur vie, les deux hommes ne se reverront plus. Que s’est-il passé ? Un si généreux élan les poussait l’un vers l’autre ! Un indéniable attrait, pendant les premiers jours... Et puis, c’est le silence...

Nous avons, pour nous informer, deux lettres de source Bettine, et, par suite, discutées 1 — 1. L une, de Bettine au prince Pückler-Muokau, en 1832 ; l’autre, de Beethoven à Bettine. Toutes deux, publiées par Bettine à une époque postérieure à la mort de Beethoven et de Gœthe. Elles semblent deux moutures de la même farine ; et l’on a diseutô laquelle des deux fut la génératrice de l’autre. Mais elles ne se font pas tort. On a objecté qu’à la fin de la lettre de Bettine, il est dit que Beethoven vint, aussitôt après les incidents dont j’aurai à parler, « nous raconter tout » : ce qui eût rendu superflu le récit écrit par Beethoven à Bottine, envoyé