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BEETHOVEN

d’esquisses de 1824)[1] et de l’adagio (p. 3 à 43) du quatuor op. 127, surgissent (p. 9) deux lignes de choral, lointaines avant-courrières de la pensée qui allait créer plus tard le fameux Chant de remerciement de l’op. 132. Puis, dès le début du travail du finale de l’op. 127 (pp. 43-55) commencent les esquisses du premier morceau de l’op. 132 (pp. 45-46-47-52-56-57) — de l’introduction (p. 52) — du thème de la fugue (p. 53) et des autres morceaux (p. 49-50-51).

Comme il advient souvent chez les génies en pleine sève créatrice, la pensée va plus vite que la main, l’esprit est déjà loin de l’œuvre qu’il achève. Mais quand il est maître de ses énergies, comme l’était Beethoven en ces années, il ne sacrifie rien de l’œuvre dépassée, il ne l’abandonne point qu’il ne l’ait parachevée. — Cela ne l’empêche point de couver en même temps les pensers nouveaux. Nous avons vu qu’il était habitué à la polyphonie de l’esprit.

Si donc, des trois quatuors Galitzin, le premier l’op. 127 en mi bémol avait devancé les deux autres, — ou plus exactement, s’il était parti avant eux (car il fut écrit, en grande partie, pendant le printemps et l’été 1823), — les deux autres le rattrapèrent en route : au premier printemps 1825, Beethoven les tenait tous trois, d’un poing ferme, attelés au même char. Le 1er mars 1825, il écrit à Schott : — « Le quatuor (en mi bémol) vous sera livré, ces jours-ci… Le deuxième quatuor (en la mineur) est près dé être achevé ». — Et, le même jour, à Charles Neate : — « J’ai achevé le premier quatuor ; je suis maintenant à composer le second, qui, comme le troisième, sera achevé en peu de temps. »

Or, ces lignes étaient écrites, deux à trois semaines avant

  1. À la Bibliothèque de Berlin.