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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/295

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LES DERNIERS QUATUORS

Holz, qui entre, voit le neveu qui a empoigné l’oncle au collet et qui le secoue. — Beethoven essaie ensuite de se réconcilier ; mais il lui est impossible de se maîtriser, et il recommence ses querelles excédantes. Charles se renferme, et trouve des prétextes pour espacer ses visites. Il est à bout, il doit avoir exprimé, dès le mois de juin, la pensée d’un acte désespéré : car l’anxiété commence à cheminer dans la maison de Beethoven. Une lettre écrite en hâte, qui cherche à le rappeler, après une querelle, le supplie de « ne rien faire qui serait son malheur, et qui me ravirait la vie : Ce n est que vers trois heures du matin que j’ai pu aller dormir, et j’ai toussé toute la nuit… Ô viens, ne fais plus saigner mon pauvre cœur !… » Un autre billet, porté en toute hâte à Holz, le conjure de venir aussi vite que possible, pour retenir Charles, qui « veut de nouveau s’éloigner… » — Il y avait donc eu plusieurs tentatives d’évasion… Ah ! pourquoi lui avoir inspiré ce sentiment intolérable de captivité !… « Die Gefangenschaft bei B… » comme Charles le dira à la police, après son acte de folie… Holz lui-même convient que « Beethoven était excessivement rigoureux envers son neveu, et ne lui permettait pas la plus petite extravagance… »

Et, dans le même temps, Charles se vantait, auprès de ses maîtres, qu’avec des flatteries, il pouvait faire de son oncle tout ce qu’il voulait. Il en était venu au mépris pour Beethoven et pour soi-même. Dans ses lettres à son camarade Niemetz, il parle de la surveillance qu’exerce toujours sur lui « le vieux fou ». — Bref, il avait été trop « sekirt » (scié) par lui : (interrogatoire de police). Et comme il avait sans doute des raisons supplémentaires d’être dégoûté de la vie — (le jeu, les filles, des dettes dont il ne savait plus comment se tirer, et même, peut-être, quelques larcins domestiques, — n’au-