Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/117

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Après que nous fûmes ainsi remis de nos émotions, détendus et lavés du gosier au talon, nous sortîmes ensemble… (il devait être alors cinq heures moins un quart, ou cinq heures à peine… En trois petites heures, eh ! j’avais récolté, avec deux bons dîners et de gais souvenirs, une commande du notaire pour deux bahuts qu’il me fait faire)… La compagnie se sépara après avoir pris un biscuit trempé dans deux doigts de cassis, chez Rathery l’apothicaire. Delavau acheva d’y conter son histoire, et nous accompagna, pour en entendre une autre, jusqu’à la Mirandole, où nous nous séparâmes, définitivement, après avoir fait halte, le ventre au mur, pour épancher nos dernières effusions.

Comme il était trop tard et trop tôt pour rentrer, je descendis vers Bethléem avec un marchand de charbon, qui suivait sa charrette, en sonnant du clairon. Près de la tour Lourdeaux, je croisai un charron, qui courait en chassant devant lui une roue ; et quand il la voyait ralentir, il sautait, lui décochant un coup. Tel un qui court après la roue de la Fortune ; et quand il va monter dessus, elle s’enfuit. Et je notai l’image, afin de m’en servir.

Cependant, j’étais hésitant si je devais reprendre ou non, pour retourner à la maison, le plus court ou le plus long, lorsque je vis de Panteor[8] venir