Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/173

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beau qu’un diamant, un prince, un roi, un grand seigneur ou une fleur.

Il s’en alla, content de moi. M. d’Asnois me prit le bras et me souffla :

— Maudit farceur ! As-tu fini de te gausser ? Oui, fais la bête. Agnelet bée, je te connais. Ne dis pas non. Pour ce beau fraisier de Paris, cueille à ton gré, vas-y, mon fils ! Mais si jamais tu t’avisais de t’attaquer à moi aussi, garde, Breugnon, mon garçon ! Car tu auras du bâton.

Je protestai :

— Moi, monseigneur ! M’attaquer à Votre Grandeur ! Mon bienfaiteur ! Mon protecteur ! Est-il possible de prêter à Breugnon cette noirceur ?… Passe encore d’être noir, mais par Dieu, d’être bête ! À d’autres, s’il vous plaît ! Ce n’est pas notre fait. Grand merci, j’aime trop ma peau, pour ne pas bien respecter celle qui sait se faire respecter. Je ne m’y frotte ; ouais, pas si sot ! Car vous êtes non seulement le plus fort (cela va de soi), mais beaucoup plus malin que moi. Eh ! je ne suis qu’un renardeau, près de Renard en son château. Combien de tours en votre sac ! Que vous en avez mis dedans, jeunes et vieux, fous et prudents !

Il s’épanouit. Rien ne plaît tant que d’être loué pour le talent qu’on a le moins.

— C’est bon, dit-il, maître bavard. Laissons mon sac, voyons plutôt ce que tu portes dans le tien. Car je me doute que si tu viens, ce n’est pour rien.

— Voyez, voyez, vous l’avez, dis-je, encore