Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/239

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bout d’un arbre, avec ta queue ? Debout ! Et soyons grave ! Il s’agit d’écouter.

Il m’écouta, les yeux brillants.

— Tu ne riras pas longtemps. Voilà : je m’en vas, seul, à Clamecy, de ce pas.

— Et moi ! Et moi !

— Toi, je t’envoie en ambassade à Dornecy, avertir Maistrat Nicole, notre échevin, l’homme prudent, qui a bon cœur, meilleures jambes, et s’aime mieux que ses concitoyens, mais mieux que soi aime son bien, que l’on doit demain matin boire son vin. De là, poussant jusqu’à Sardy, tu verras en sa tour à pigeons maître Guillaume Courtignon, le procureur, tu lui diras que sa maison à Clamecy sera sans faute, cette nuit, brûlée, pillée et cætera, s’il ne revient. Il reviendra. Je ne t’en dis pas plus. Tu sauras bien tout seul trouver ce qu’il faut dire, et tu n’as pas besoin de leçons pour mentir.

Le petit, se grattant l’oreille, dit :

— Ce n’est pas la difficulté. Mais je ne veux pas vous quitter.

Je réponds :

— T’ai-je demandé ce que tu veux ou ne veux pas ? Moi, je veux. Tu obéiras.

Il discutait. Je dis :

— Assez !

Et comme il s’inquiétait, ce petit, de mon sort :

— Je ne te défends pas, lui dis-je, de courir. Quand tu auras fini, tu pourras me rejoindre. Le meilleur moyen de m’aider, c’est de m’amener du renfort.